Artist statement
« I am Nobody Who are you?
Are you — Nobody — Too? (…)
How dreary – to be – Somebody! »
Emily DICKINSON
What is the boundary between the abstract and the figurative? How does the dream intertwine with reality? In which way the mind and the matter are connected? When does “me” become the “Other”? By exploring the intimate continuity of the world, my artistic practice confronts the uncertainty of all limits and recounts the human experience of opening for the penetration with the world – being simultaneously crossed and, at the same time, moving outside of oneself. This union is reflected in my works by bodies, things, beings, landscapes enveloping each other, linked by energy and particles in transit. The superposition of translucent layers serves to transcribe the infinite thickness of things.
Questioning the boundaries of opposites takes me to the place where we are neither one nor the other, but both at the same time. This is where the metamorphosis takes place. It defines the world in terms of connections. It manifests itself through hybrid and unstable forms which merge into each other, like these two spots of color interpenetrating lin a way of living cells – my first childhood memory… The abandonment of control makes my approach ressemble to meditation: letting the unexpected happen, without judgment, with curiosity and tenderness.
My works remind that the visible is coupled with the invisible, which, under the form of subconsciousness with its symptoms, of memory with its forgetfulness, of time with its plasticity, of gravity with its paint drips and of love with its penetration, acts as a hidden unifying force. By using superpositions, erasures, transparencies or “white on white”, I seek what is happening at the limits of the visible, in the back and forth between disappearance and recording.
Born on the banks of the Vistula, my interdisciplinary studies in Poland, the United States and at the Sorbonne University led me to live multiple lives, to claim an open identity, to sign each series with a different name. Defining myself as a “no-one” (or rather “non-defining myself”) leaves me the freedom to be everyone everywhere. My approach, a sort of “self-eclipse”, is this spectacle of seeing oneself without seeing oneself, through and beyond, to evolve on the margins, in a “room of one’s own”, just like my godmothers: Emily Dickinson, Virginia Woolf, Frida Kahlo, Georgia O’Keeffe, Diane Arbus, Francesca Woodman, Ana Mendieta, Louise Bourgeois, Sally Mann, Kiki Smith and so many others…
Practicing art as a pre-thought, based on intuition, or the personal and collective subconsciousness, I probe what escapes to language but seems to appear through the images. It builds a sort of bridge between myself and reality and is an attempt to express the inexpressible.
Je suis Personne ! Qui êtes-vous ?
Êtes-vous – Personne – aussi ?
Comme c’est ennuyeux – d’être – Quelqu’un !» Emily DICKINSON
Quelle est la frontière entre l’abstrait et le figuratif? Comment le rêve s’imbrique-t-il avec du réel? De quelle manière la conscience et la matière sont-ils intriqués? Quand le « moi » devient-il « l’Autre »? En explorant l’intime continuité du monde, ma pratique artistique se confronte avec l’incertitude de toute limite et raconte l’expérience humaine de l’ouverture, de la « compénetration », c’est à dire être simultanément traversé(e) et, en même temps, participer au-dehors de soi. Cette union se traduit dans mes oeuvres par des corps, des choses, des êtres, des paysages qui s’enveloppent mutuellement, liés par l‘énergie et des particules en transit. La superposition des couches translucides sert à retranscrire l’infinie épaisseur des choses.
Questionner les frontières des contraires m’emmène à l’endroit où on est ni l’un ni l’autre, mais les deux à la fois. Là, où se joue la métamorphose qui définit le monde en terme de connexions. Elle se manifeste à travers des formes hybrides et instables qui se versent les unes dans les autres, à l’image de ces deux taches de couleur s’interpénétrant comme des cellules vivantes – mon premier souvenir d’enfance… L’abandon de contrôle rapproche ma démarche à celle de la méditation : laisser advenir l’imprévu, sans jugement, avec curiosité et tendresse.
Mes oeuvres rappellent que le visible est doublé d’invisible, qui, sous la forme de l’inconscient avec ses symptômes, de la mémoire avec ses oublis, du temps avec sa plasticité, de la gravité avec ses coulures de peinture et de l’amour avec sa pénétration agit comme une force unificatrice cachée. En se servant des superpositions, des effacements, des transparences ou du « blanc sur blanc », je cherche à voir ce qui se passe aux limites du saisissable, dans le va-et-vient entre la disparition et l’enregistrement.
Née au bord de la Vistule, mes études interdisciplinaires en Pologne, aux Etats-Unis et à la Sorbonne, m’ont amenée à vivre des vies multiples, à revendiquer une identité ouverte, à signer chaque série d’un nom différent. Se définir comme « personne » (ou plutôt se « non-dé-finir » ) me laisse la liberté d’être chacun partout. Ma démarche, une sorte « d’auto-éclipse», est ce spectacle de se voir sans se voir, à travers et au-delà du moi, pour évoluer en marge, dans sa « chambre à soi », tout comme mes marraines : Emily Dickinson, Virginia Woolf, Frida Kahlo, Georgia O’Keeffe, Diane Arbus, Francesca Woodman, Ana Mendieta, Louise Bourgeois, Sally Mann, Kiki Smith et tant d’autres…
En pratiquant l’art comme une pré-pensée, je fais appel à l’intuition, à l’inconscient personnel et collectif pour sonder ce qui échappe au langage mais transparait dans l’image. Cela permet de construire une sorte de pont entre le moi et le réel et de tenter ainsi d’exprimer l’inexprimable.