Oss Sélavie/ Rose Slavy, Untitled VI (from the «Incarnations» series)
2023, dyptich, each 65 x 81 cm
Acrylic on canvas
Peinture acrylique sur toile
« We are all one and the same life »
Emanuele COCCIA
Is it possible for us to live an experience of the landscape in the way of the aboriginal peoples: perceive it as a mirror of the body, a result of the metamorphoses of being, created by its fertile imprints, by the fragmentation and dissemination of the “universal flesh” considered as the fifth element?
Developing the idea from the previous paintings, the « Incarnations » series shows the encounter of the body with the landscape, animated by an intense intimate relationship. Without hierarchy and limits, the flesh, the earth and the sky intertwine in a dreamlike, pantheistic vision. The constant change of perspective between the outside and the inside reflects the notion of universal permeability, cosmic reversibility and original superposition.
Preserving contradictions and ambiguities, the « Incarnations » figure the flesh coming to life before our eyes and taking the substance into the « other ». Abolishing all distance, the body thinks the world and extends into it. The series illustrates the capacity of art to communicate the inside with the outside and defines painting as a visceral process which reveals the openness of being.
Hidden among the layers of what we usually refuse to see – the veins, the muscles, the nerves and the fascias – the layers of bones evoke the myth of the « Bone Woman » who brings them together and give them new life with her song. This story inspired the series, attuned to this anthem of the desert, where the body becomes the zero degree of the landscape, its measure and its territory.
The body-landscapes of « Incarnations » reinvest the theme that runs through the other series – they represent the intrusion of the world into oneself and of the self into the world, this encroachment which cannot be grasped, this overflow, this consubstantiality, envelopment, interpenetration, overlapping, intertwining, entanglement, superposition… One by one, the words expire and perish in the mystery of « cosmic twinning », which we have all experienced without being able to name it.
« Nous sommes tous une seule et même vie »
Emanuele COCCIA
Pouvons-nous vivre une expérience du paysage à la manière des peuples aborigènes : le percevoir comme un miroir du corps, un résultat des métamorphoses de l’être, créé par ses empreintes fertiles, par le morcellement et la dissémination de la « chair universelle » considérée comme le cinquième élément?
En prolongement des recherches des toiles « In Utero », la série « Incarnations» offre une rencontre du corps avec le paysage, animés par une intense relation intime. Sans hiérarchie et limites, la chair, la terre et le ciel s’entremêlent dans une vision onirique et panthéiste. Le changement constant de la perspective entre le dehors et le dedans traduit la notion de perméabilité universelle, réversibilité cosmique et superposition originelle.
Tout en préservant des contradictions et des ambiguïtés, les « Incarnations » mettent en avant la chair hypostasiée qui prend sa substance dans « l’autre » et s’anime sous nos yeux. Abolissant toute distance, le corps « pense » le monde et s’y prolonge. La série illustre la capacité de l’art à faire communiquer au-dedans avec au-dehors et définit la peinture comme un procédé viscéral qui donne à voir l’ouverture de l’être.
Cachés parmi les couches de ce qu’on refuse d’habitude de voir – des veines, des muscles, des nerfs et des fascias – des strates d’ossements évoquent le mythe de la « Femme aux Os » qui les rassemble pour leur redonner vie grâce à son chant. Cette histoire inspire la série qui tente de reprendre les airs de l’hymne créateur du désert, là où le corps est le degré zéro du paysage, sa mesure et son territoire.
Les paysages-corps des « Incarnations» réinvestissent le thème qui traverse d’autres séries – ils figurent l’intrusion du monde en soi et du soi dans le monde, cet empiètement qui ne se laisse pas saisir, ce débordement, cette consubstantialité, enveloppement, compénétration, enjambement, chevauchement, entrelacement, intrication, superposition… Un à un, les mots s’épuisent et périssent dans le mystère de la « gémellité cosmique », que l’on a tous vécue sans pouvoir la nommer.